Culture / patrimoine Reconnaissance nationale pour le site gallo-romain de Châteaubleau

Le théâtre du site gallo-romain de Châteaubleau (Seine-et-Marne) vu du ciel © Ludovic Delage

Entre Nangis et Provins, le site gallo‑romain de Châteaubleau fait partie des 18 lauréats du Loto du Patrimoine 2023. Comportant un superbe théâtre et un sanctuaire votif ainsi que quantité d’autres vestiges, il est la preuve que la grande Histoire de la Seine‑et‑Marne a débuté bien avant le Moyen Âge.

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Créé le: 17/08/2023

« Enfin ! Pour toutes les personnes qui se sont succédées en 70 ans, pour les centaines de membres de l’association, les milliers de personnes qui ont fouillé, les dizaines de spécialistes qui ont travaillé ou qui travaillent encore sur ce mobilier‑là. Pour toutes ces personnes, c’est une reconnaissance de groupe et d’équipe. » Ce cri du cœur, c’est Fabien Pilon, le président de l’association archéologique La Riobé qui le pousse.

« Châteaubleau est une agglomération gallo‑romaine, occupée entre le I^er siècle et le V^e siècle après J‑C. Pour moi, c’est la dimension cultuelle qui caractérise ce site. Châteaubleau, à l’époque romaine, c’est une sorte de grand centre cultuel avec des sanctuaires et des quartiers autour dont l’une des principales raisons d’être est d’accueillir les pèlerins à l’occasion de fêtes religieuses », indique Fabien Pilon.

À la fin de l’Empire romain, le site constituait une véritable agglomération située sur un axe de communication important entre Meaux et Sens. Il comprenait notamment des quartiers résidentiels, plusieurs temples et un théâtre. Abandonnées à la fin de l’Antiquité, les constructions gallo‑romaines, sans doute désertées par leurs occupants à la suite du démantèlement de l’Empire, plongèrent totalement dans l’oubli.

L'anecdote historique

C’est en effet à cette date qu’un instituteur d’un village voisin, Victor Burin, intrigué par les menus objets que lui rapportaient ses élèves, identifie le site enfoui de Châteaubleau. Avec l’aide de ses jeunes élèves, il recense toute une série de vestiges, comme autant de découvertes du hasard : monnaies antiques, haches, tuiles portant des inscriptions…

Victor Burin et, beaucoup plus tard, son petit‑fils, Jacques‑Paul Burin, vont se mobiliser autour des fouilles : jusqu’à la création en 1953 d’une association archéologique, La Riobé, toujours très active. Celle‑ci mène aujourd’hui encore des campagnes de fouilles scientifiques et des actions pédagogiques de médiation et d’initiation à l’archéologie.

Le sanctuaire de la Source du site gallo-romain de Châteaubleau ©Thomas Terrasse

Châteaubleau est un site d’intérêt exceptionnel qui déploie un réseau de monuments très intéressant : le théâtre antique et le sanctuaire des Sources notamment, mais il a également révélé des découvertes d’objets d’une grande originalité comme ces tuiles portant « des textes en langue gauloise parmi les plus importants connus ».

Les fouilles ont également mis au jour des ateliers de production de fausses monnaies. Le sanctuaire des Sources a été protégé au titre des Monuments historiques (inscription) dès 1969, et la progression des fouilles a permis de classer le théâtre en 1983. Mais le temps a fait son œuvre. Les structures précédemment mises au jour dans le cadre des fouilles souffrent de plusieurs désordres : infiltrations d’eau, fissures, ravages dus à la végétation et aux intempéries, inadaptation des premières 46 restaurations au ciment, etc.

Dans un premier temps, les vestiges doivent donc être stabilisés et mis à l’abri des aléas climatiques. Un système de drainage doit notamment être mis en place. Ces interventions dites « de conservation » sont essentielles et prioritaires.

En 2023, le site a été retenu comme emblématique pour l’Île‑de‑France, par la Mission pour la sauvegarde du patrimoine en péril, pilotée par l’animateur Stéphane Bern. Sa restauration bénéficiera de fonds collectés dans le cadre du Loto du Patrimoine. Les travaux pourraient démarrer dès février 2024 pour s’achever, un an plus tard, en mars 2025.

De son côté, la communauté de communes de la Brie nangissienne, propriétaire des deux sites, prévoit de développer un projet culturel ambitieux. Il s’agit principalement de permettre aux visiteurs de profiter du site et des découvertes grâce à un parcours muséal paysager. Une aire de mise en valeur des fouilles donnera également l’occasion au jeune public de s’initier à la pratique de l’archéologie.

Visiter Châteaubleau

Le site, qui reçoit environ deux mille scolaires chaque année, accueille tous les quatre ans une fête gallo‑romaine. L’ambition est d’aménager le théâtre pour y organiser des concerts et des spectacles. Dès 2023, l’association Agrippa prévoit également de développer une animation sous forme d’escape game pour mettre en valeur les collections archéologiques du site de façon ludique.

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